samedi 16 avril 2011

In hora mortis meae voca me et iube me venire ad te



"Le monde dans lequel nous vivons est ébranlé par diverses crises, l'une des plus dangereuses étant la perte du sens de la vie. Beaucoup de nos contemporains ont perdu le sens de la vie; ils cherchent des succédanés dans une consommation effrénée, dans la drogue, l"alcool et l'érotisme. Ils cherchent le bonheur, mais le résultat de leur recherche est une profonde tristesse, un coeur vide et, assez souvent, le désespoir. Dans cette situation, bien des jeunes se posent des questions fondamentales: comment vivre ma vie pour ne pas perdre? [...] Tous, j'en ai la certitude, vous voulez constuire votre vie sur des fondations solides, capables de résister aux épreuves qui ne peuvent manquer: vous voulez la fonder sur le roc. Alors regardez la Vierge de Nazareth, l'humble servante du Seigneur qui vous montre son fils et vous dit: " Tout ce qu'il vous dira, faites-le", c'est à dire, écoutez Jésus, obéissez à Jésus, à ses commandements, ayez confiance en Lui."
Jean Paul II, Message pour les JMJ de 1988

Le 1er Mai prochain, Jean Paul II sera béatifié. Au delà des mythes et légendes, Karol Wojtyla aura consacré son pontificat à la défense de la Vie. Cette photo en couverture du Figaro magazine n'a pas manqué de me frapper par son intensité dramatique. Elle fût prise le 19 Septembre 1999, en Slovénie. Appuyé sur sa croix, le pape résiste aux épreuves: celles de Dieu ou du sécularisme? 

vendredi 15 avril 2011

Causa mentale

Etrangement, l'oeuvre de Redon est restée relativement peu connue des français, en dehors des lecteurs d'A Rebours et des admirateurs de Moreau. L'exposition présentée au Grand Palais, première retrospective à Paris depuis 1956 a donc un parfum de découverte.



Un masque sonne le glas funèbre, 1882

Pégase Captif, 1889
L'oeil comme un ballon bizarre se dirige vers l'infini, 1882
















Suivant un ordre chronologique, l'exposition débute donc naturellement sur les "Noirs" comme se plaisait à appeler Redon lui-même ses lithographies avec lesquels il se fait connaître dans le monde des arts et de la littérature. Ce dernier, il le cotoiera souvent: s'il ne prend pas lui-même la plume, Redon rend hommage à ses maîtres de papier: Flaubert, Poe... Les sujets qu'il choisit sont à l'image de son oeuvre, étranges et poétiques. A l'heure où  l'impressionisme donne le ton à la critique ( il n'en est d'ailleurs pas autrement aujourd'hui entre Monet , Caillebotte, Vuillard et les "impressionistes à l'hôtel de Ville"), l'oeuvre de Redon se veut à la lisière du mouvement. Il moque en effet ces artistes peignant sur nature, préférant l'intimité de son appartement. L'art est causa mentale. S'il lui arrive parfois de prendre modèle sur le réel, tels ses splendides bouquets de fleurs, c'est pour s'imprégner de son image  pour mieux la restituer ensuite de mémoire, passée sous le crible du rêve. Odilon Redon est donc définitivement un peintre cérébral et c'est d'ailleurs une partie pour cela qu'il fut longtemps boudé par les musées, le jugeant trop "difficile" pour le grand public. Les théories de Freud trouvent ainsi un écho direct dans son oeuvre. Ces yeux, ces grands yeux barrés de cils omniprésents dans la première partie de sa carrière, avec les têtes pensives, s'ouvrent sur un autre monde, celui de l'intériorité.

Il est alors paradoxal que l'oeuvre ayant fait basculer Odilon Redon dans la couleur soit justement intitulée, les Yeux clos.


Profil noir (Gauguin), 1903-1904
Yeux Clos
La Cellule d'Or

En effet, pour le plus grand bonheur des conservateurs de musée, la carrière de Redon prend une inflexion radicale en 1890: des "Noirs", la palette EXPLOSE en couleur avec l'usage du pastel, médium parfait entre le fusain et la peinture à l'huile. L'exposition du Grand Palais ne s'y trompe pas. Après de longues séries de lithographies, la salle débouche soudain sur ces splendides tableaux rehaussés d'or, un peu à la manière d'un Klimt dans sa période dorée. A la vue, le pastel semble ressortir les motifs en 3 Dimensions. Le regard s'abandonne dans ces tons incroyables, ultramarin intense, vert céladon, rouge volcanique... après avoir été habitué au noir et blanc. Le feu d'artifice se poursuit en bas avec les bouquets de composition audacieuse et les grandes décorations, entièrement reconstituées pour l'exposition. De ce passage à la couleur, Redon est resté opaque. Toujours est-il qu'il ne put s'en passer. Avec Degas, il passe pour avoir révolutionné l'art du pastel, jusqu'ici considéré comme mineur.


Fleurs, 1895

Fleurs, 1903

Bouddha


Le site internet est ici. Très bien réalisé, il permet d'étudier les oeuvres en détail.

jeudi 14 avril 2011

Du Chat-kra dans la Torah

Alors que Pessah approche,  j'apprends avec enthousiasme dans ls couloirs du métro  la sortie en juin du prochain film de Joann Sfar, à qui l'on doit déjà une biopic de Gainsbourg. Adaptée d'une excellente série de Bande dessinée découverte grâce à ma scientifique du Grand Sud, le Chat du Rabbin, c'est son titre sera un long métrage réalisé entièrement , oh,oh,oh en 3D. Vous l'aurez compris, la kippa est de sortie, mais tout cela avec humour voire autodérision. Découvrons ensemble les premières images:


Un bon résumé est fourni par UGC:  Alger, années 1920. Le rabbin Sfar vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle qui dévore le perroquet et se met à parler pour ne dire que des mensonges. Le rabbin veut l'éloigner. Mais le chat, fou amoureux de sa petite maîtresse, est prêt à tout pour rester auprès d'elle... même à faire sa bar mitsva ! Le rabbin devra enseigner à son chat les rudiments de loi mosaïque ! Une lettre apprend au rabbin que pour garder son poste, il doit se soumettre à une dictée en français. Pour l'aider, son chat commet le sacrilège d'invoquer l'Eternel. Le rabbin réussit mais le chat ne parle plus. On le traite de nouveau comme un animal ordinaire. Son seul ami sera bientôt un peintre russe en quête d'une Jérusalem imaginaire où vivraient des Juifs noirs. Il parvient à convaincre le rabbin, un ancien soldat du Tsar, un chanteur et le chat de faire avec lui la route coloniale...

Vous l'aurez compris, la kippa est de sortie, mais tout cela avec humour voire autodérision. Découvrons ensemble les premières images:


mercredi 13 avril 2011

Un vieux couple qui dure: Eros et Thanatos

La mort est le personnage central de cet impressionnant tableau du peintre suisse Ferdinand Hodler, aperçu sur grand écran à l'auditorium du Musée d'Orsay. L'artiste y peint son autoportrait, en compagnie de sa femme et de sa maîtresse dans une forme d'exorcisme pictural. L'atmosphère cauchemardesque du tableau est renforcée par les contrastes de blanc et de noir. On y retrouve la dimension sacrée de l'érotisme et de la sexualité touchant à la Mort.




Ferdinand HODLER, La Nuit ( 1889-1890)
 

Dans La Nuit le peintre se représente arraché de son sommeil par le fantôme de la mort. Autour de lui, des dormeurs et dormeuses enlacés, où se glissent des autoportraits et les portraits des deux femmes entre lesquelles Hodler partage alors sa vie : Augustine Dupin, compagne des débuts et mère de son fils, Bertha Stucki, l'épouse, le temps d'un mariage bref et houleux.

Comme Courbet dans L'Atelier, Hodler fait le bilan d'une période de sa vie dans un tableau autobiographique aux dimensions de la peinture d'histoire.
Pour Hodler, la portée de l'oeuvre est universelle car elle est symbolique : non pas représentation d'un moment particulier mais évocation de l'essence même de ce que sont la nuit et la mort. L'artiste y porte à un point jusqu'alors inégalé la combinaison d'un réalisme poussé et d'un ordre décoratif strict, qui devint la marque de fabrique du symbolisme hodlérien.
Comme chez Puvis de Chavannes, tant admiré de Hodler et qui sera l'un des grands défenseurs de La Nuit, les couples prennent place dans un décors sans profondeur où priment l'agencement rythmique des figures et des lignes.
L'ordonnancement des figures selon un principe de symétrie, la recherche de la frontalité sont aussi une des plus éclatantes manifestations d'un principe, le parallélisme (défini comme la répétition de formes semblables par Hodler), dont le peintre fera toute sa vie la clé de sont art. Le parallélisme y est plus qu'un principe de composition formelle, c'est une pensée morale et philosophique, reposant sur le constat que la nature a un ordre, fondé sur la répétition, et que les hommes sont au fond semblables les uns aux autres.

Le réalisme des nus et les attitudes de ces couples enlacés de La Nuit suscitent un scandale à Genève en février 1891. Le tableau est exclu de l'exposition genevoise des Beaux-Arts.
Hodler organise une exposition privée payante, dont les recettes lui permettent enfin de réaliser une ambition maintes fois repoussée : obtenir la consécration de Paris. Admis au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts, La Nuit est distinguée par Puvis, mais aussi Rodin et une partie de la critique.
Hodler en retire un sentiment de triomphe, même si ce premier succès parisien ne mènera pas à la gloire espérée. L'artiste expose en effet tous les ans à Paris jusqu'en 1897 (1896 excepté), mais il devra attendre 1900 et l'Exposition universelle pour y obtenir une médaille d'or avec à nouveau La Nuit parmi d'autres tableaux symbolistes.

Analyse extraite du site du Musée d'Orsay

mardi 12 avril 2011

Brûlant secret

Vous souvenez-vous de ces posters d' éphèbes dansants et chantants dont vous tapissiez les murs de votre chambre d'enfant? De ces monstrueuses chaussettes rayées multicolores que vous arboriez fièrement devant vos camarades? Et tous ces objets fétiches que vous gardiez précieusement comme une relique? Les "Backstreet Boys" sont de ceux-là. Bien cachés aujourd'hui, tout à côté du squelette dans l'armoire familiale, ils ressurgissent parfois sans crier garde au détour d'un station de métro, un petit air remonté de votre inconscient venant se greffer sur votre bouche.
Ou tout simplement en cours d'anglais, haut lieu de déballage d'antiquités en tout genre.

Pour ceux qui se poseraient des questions, les boys band n'ont jamais fait partie de mon enfance. Toutefois, il semblerait que nombre d'entre vous les conservent dans leurs "vieux dossiers". Redécouvrez donc sans la moindre culpabilité ce clip qui vous a donné tant de sueurs froides.


lundi 11 avril 2011

Profession de foi d'un admirateur dévoué

" Seul l'extraordinaire nous élargit l'esprit, seul le frisson devant des forces nouvelles accroît notre sensibilité. C'est pourquoi l'exceptionnel est toujours la mesure de toute grandeur. Et l'élement créateur reste, même dans ses créations les plus troublantes et les plus dangereuses, valeur au dessus de toutes les valeurs, esprit au-dessus de nos esprits."
Stefan Zweig in Combat avec le démon (1925) traduit par Alzir Hella

Stefan Zweig, le "conteur de charme viennois" a toujours voué une admiration sans borne à ses maîtres, Emile Verhaeren, Romain Rolland et Sigmund Freud, à défaut d'en être devenu un lui-même. Comme Goethe, il aspire à un universalisme en cherchant son impulsion dans l'intimité des natures exeptionnelles ( il fût lui-même un grand collectionneur d'autographes).